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INTERVIEW DE LINA BONNET
Fondatrice de l'atelier la Feuille Bleue

« L’art d’aller à l’essence
des choses »

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Pourquoi avoir choisi le cyanotype?

Pour les possibilités de création qu’il m’offre. On peut l’utiliser sur de nombreux supports: du papier, du bois, du tissu, du verre… Quelle liberté ! Et il y a ce bleu. C’est une couleur qui m’apaise. Le bleu, pour moi, c’est la mer, le ciel, la sérénité. Tout ce qui me porte à la rêverie.

 

Et il y a aussi la nature…

Oui, j’adore travailler avec les plantes, les fleurs, la nature en général… Quand on l’observe de près, quelle richesse. C’est une source d’inspiration inépuisable. Il y a tellement de finesse dans les nervures d’une feuille, par exemple. Alors c’est vrai, quand je me promène, j’ai toujours l’oeil sur ce que je peux ramasser. Du pétale de fleur à la feuille morte, tout y passe ! J’ai une collection impressionnante d’herbiers. Les formes, c’est ce qui détermine mes créations.

 

Tu te souviens du premier cyanotype que tu as vu?

Comme si c’était hier. J’avais une vingtaine d’années. J’étais au British Museum, à Londres, et je suis tombée sur les cyanotypes d’Anna Atkins, une botaniste britannique du XIXe siècle. C’était tellement beau, tellement poétique, ça sortait de l’ordinaire. Ca me paraissait hors de portée pour moi. Ensuite, comme encadreuse, j’en ai vus beaucoup. Maintenant, ce sont les miens que j’encadre.

 

Le déclic, il est venu d’où?

C’était juste avant le Covid. Un ami voulait que je lui apprenne à faire du coffrage. En échange, il m’a appris la technique du cyanotype, qu’il maîtrisait. Du coup, j’ai passé mon confinement à faire des cyanotypes. Mon fils m’a même construit ma « machine à soleil », qui fonctionne avec des lampes à UV, pour faire mes impressions quand le soleil manque.

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Un cyanotype réussi, pour toi, c’est…

D’abord, trouver la forme que j’avais en tête et réussir à la traduire sur le support choisi. Il faut aussi retrouver les trois tons de bleu du cyanotype, du plus clair au plus profond. Et pour moi qui retravaille souvent le cyanotype avec d’autres techniques, il y a l’équilibre. Il faut se méfier du « trop », ne pas surcharger. J’ai tellement d’envies… Je dois me tempérer !!

 

Ce travail sur le cyanotype, ça fait partie de ta signature?

Oui en partie. J’ai touché à beaucoup de techniques dans ma carrière. J’ai été encadreuse, j’ai fait de la reliure, de la sculpture, du collage, de la couture. Ça me permet de rajouter de la lumière ou de la matière à mes cyanotypes, par exemple. Je peux aussi coudre dessus, coller des papiers anciens imprimés… Mais tout part de la forme et de l’empreinte.

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Tu aimes aussi travailler le papier japonais…

Dès que je peux. Je l’aime beaucoup. Il est très solide et tellement délicat. Sa transparence est très belle. D’ailleurs, le Japon, un pays où le bleu est très présent, m’inspire beaucoup. Comme le haïku, le cyanotype n’est-il pas l’art d’aller à l’essence même des choses?

 

Propos recueillis par Renaud Saint-Cricq,

journaliste à France 2

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